Moi je ne crois pas qu’il y ait de bon ou de mauvais plan.
Édouard Baer (ou presque 😉 )
PPRE, PAP, PPS, PAI, pas toujours facile de s’y retrouver ! D’autant qu’entre textes officiels et pratiques réelles, il y a parfois des écarts.
Avant de commencer, on pourrait déjà dire que pour les trois premiers – PPRE, PAP et PPS -, il y a une sorte de progressivité dans l’identification des difficultés et des solutions possibles. Le PAI est un peu à part.
Allez, c’est parti, tentative d’éclairage !
P.P.R.E.
Ça veut dire quoi ? Programme Personnalisé de Réussite Éducative.
C’est quoi ? C’est un document qui détaille des actions/adaptations mises en place au sein de la classe et qui coordonne aussi un peu les aides mises en place à l’école (intervention du Réseau d’Aides Spécialisées pour les Élèves en Difficulté aka RASED, de l’Unité Pédagogique pour Élèves Allophones Arrivants aka UPE2A…) pour répondre aux difficultés rencontrées par un.e élève.
On y trouve un constat de la situation, les objectifs sur le court terme, les moyens mobilisés (aménagements pédagogiques, outils, recours aux aides spécialisées…) ainsi que les modalités d’évaluation des progrès.
Pour qui ? Des élèves qui rencontrent des difficultés passagères ou persistantes dans la classe, au niveau des apprentissages ou de l’attitude.
Qui le propose ? Le plus souvent : l’enseignant de la classe.
Qui le rédige ? Officiellement le directeur / la directrice de l’école mais dans la réalité : l’enseignant.e de la classe.
Avec qui ? Pour la rédaction, l’enseignant.e peut être épaulé.e par les membres du RASED, de l’UPE2A et/ou de l’équipe pédagogique (du cycle ou de l’école). Ensuite, le PPRE est présenté à la famille et à l’élève qui approuvent et signent le document.
Comment faire ? Depuis quelques temps désormais, finies les différentes versions du PPRE (circo, école…), tout se fait directement en ligne dans le LPI de l’élève (Livret de Parcours Inclusif). Ce livret est à créer pour l’élève concerné.e sur votre espace académique numérique. Si cette phrase comporte beaucoup de mots inconnus → [voir l’article sur le LPI] 😉
Les + : Le fait de marquer un temps d’arrêt pour formaliser les difficultés/objectifs/moyens et de réunir toute l’équipe éducative sont des leviers importants pour la réussite de l’élève. Il ne faut donc pas négliger ce document, même s’il semble modeste. En plus, avec le LPI le document suivra l’élève pendant toute sa scolarité et donnera aux équipes éducatives futures de précieuses informations.
Les – : Quelques collègues ont encore du mal à se lancer dans le numérique (courage, c’est bien guidé et assez intuitif finalement !) et quelques bugs résistent encore sur le document proposé en ligne.
P.A.P.
Ça veut dire quoi ? Plan d’Accompagnement Personnalisé.
Pour qui ? Des élèves avec un trouble des apprentissages avéré (dyslexie, dysphasie, dyspraxie, dyscalculie, dysorthographie… trouble de l’attention… trouble mnésique). Le PAP remplace notamment le vieux « PAI dys ».
C’est quoi ? C’est un document qui vise à répondre aux besoins d’un.e élève avec un ou plusieurs troubles des apprentissages. Il fait le constat du ou des troubles et propose, avec l’appui du médecin scolaire, une liste d’adaptations/d’aménagements pédagogiques qui favoriseront les progrès de l’élève.
Il peut aussi autoriser l’utilisation de matériel informatique (personnel ou de l’école) dans le cadre de la classe.
Le PAP peut parfois être une première réponse avant d’envisager une reconnaissance de handicap (mais il n’est pas un prérequis). Il « absorbe »/remplace le PPRE en cours pour l’élève.
Qui fait la demande ? Sur proposition de l’enseignant.e de la classe, des membres du RASED ou de la famille, la demande de PAP est, le plus souvent, rédigée par l’enseignant.e (aidé.e par son directeur / sa directrice, par les autres membres de l’équipe pédagogique de l’école mais aussi par les membres du RASED, de l’UPE2A…) et par la famille. Elle est ensuite validée et complétée par le médecin scolaire (ou simplement refusée).
Qui le rédige ? En cas de validation, c’est l’enseignant.e / l’équipe enseignante qui rédige le PAP et qui en assure la mise en œuvre. La famille et l’équipe soignante (orthophoniste, psycho-motricien.ne…) sont présents tout au long du processus d’élaboration.
Comment faire ? Là encore, tout se fait désormais en ligne dans le LPI de l’élève (Livret de Parcours Inclusif) mais attention, pour l’instant le document n’est pas transmis automatiquement : il faut encore envoyer la demande au médecin scolaire. Avant de faire la demande, il faut donc créer un LPI pour l’élève concerné.e sur votre espace académique numérique. Si cette phrase comporte beaucoup de mots inconnus → [voir l’article sur le LPI] 😉
Les + : C’est un document qui suit l’élève et qui est révisé tous les ans. Il s’impose à l’enseignant.e de la classe : les adaptations recommandées et validées par le médecin scolaire, l’équipe pédagogique et la famille doivent obligatoirement être mises en place. En plus, avec le LPI le document suivra l’élève pendant toute sa scolarité et donnera aux équipes éducatives futures de précieuses informations.
Les – : La qualité et la précision des éléments proposés par le médecin scolaire varient vraiment beaucoup en fonction des personnes et c’est dommage. Il faut aussi avouer qu’autour de moi le PAP est moins souvent respecté que le PPS, notamment au collège (hannn ça dénonce !!).
P.P.S.
Ça veut dire quoi ? Projet Personnalisé de Scolarisation.
Pour qui ? Des élèves en situation de handicap (reconnue par la MDA/MDPH).
C’est quoi ? Quand on est reconnu comme étant en situation de handicap, la MDA/MDPH délivre un Plan Personnalisé de Compensation (P.P.C.) qui vise, comme son nom l’indique, à compenser le retentissement du handicap dans les différents domaines de la vie de l’enfant. Le PPS, c’est le volet scolaire du plan de compensation.
« C’est la feuille de route du parcours de scolarisation de l’enfant en situation de handicap. Il « détermine et coordonne » les modalités de déroulement de la scolarité et les actions pédagogiques, éducatives, sociales, médicales et paramédicales répondant aux besoins de l’élève.«
Le PPS « absorbe »/remplace le PAP ou le PPRE en cours pour l’élève, il ne s’ajoute pas.
Qui le rédige ? La MDA/MDPH une fois la situation de handicap reconnue.
Qui le demande ? Comme on ne demande pas une AESH/AVS, on ne demande pas non plus un P.P.S., on fait une demande de reconnaissance de handicap. Cette demande est à l’initiative de la famille, conseillée/accompagnée/interpelée par l’école et les soignants. Le dossier à remplir couvre notamment la vie familiale, les soins et la vie scolaire.
Du côté de l’école, il faut donc faire un bilan de la vie scolaire de l’élève, consigné dans le GEVA-Sco (Guide d’ÉVAluation des besoins de compensation en matière de Scolarisation) lors d’une réunion « équipe éducative » (donc en présence de la famille, de l’enseignant.e, de la directrice/du directeur, du RASED, de l’UPE2…). Attention, il existe deux documents : un « GEVA-Sco – première demande » et un « GEVA-Sco – réexamen ».
Comment faire ? Pour une première demande, là encore, tout se fait désormais en ligne dans le LPI de l’élève (Livret de Parcours Inclusif). Avant de faire la demande, il faut donc créer un LPI pour l’élève concerné.e sur votre espace académique numérique. Si cette phrase comporte beaucoup de mots inconnus → [voir l’article sur le LPI] 😉
La demande sera ensuite directement transmise à la MDA/MDPH de votre secteur : plus besoin de donner une version papier à la famille. Quand vous validerez le GEVA-Sco vous obtiendrez un numéro de dossier qui sera à transmettre à la famille pour être reporté dans le dossier de demande de reconnaissance de handicap. Attention, normalement, si le numéro n’est pas transmis, le document ne sera pas ouvert par la MDA/MDPH.
Les + :
→ Le PPS est un document qui est révisé au moins une fois par an lors d’une Équipe de Suivi de Scolarisation (E.S.S.), en présence d’un.e enseignant.e référent.e qui apporte beaucoup et qui fait l’interface MDPH/école.
→ Comme pour le PAP, les aménagements du PPS s’imposent à l’enseignant.e de la classe.
→ En plus, avec le LPI le document suivra l’élève pendant toute sa scolarité et donnera aux équipes éducatives futures de précieuses informations.
→ Une fois la reconnaissance de handicap notifiée, il sera possible de créer un document en ligne, toujours sur le LPI, pour aider à la bonne mise en œuvre du PPS.
P.A.I.
Ça veut dire quoi ? Projet d’Accueil Individualisé.
Pour qui ? Des élèves avec une maladie chronique (asthme, diabète…), des allergies et/ou des intolérances alimentaires.
C’est quoi ? « Le PAI est un document écrit qui précise pour les élèves, durant les temps scolaires et périscolaires, les traitements médicaux et/ou les régimes spécifiques liés aux intolérances alimentaires. Il comporte, le cas échéant, les aménagements de la scolarité en lien avec l’état de santé, par exemple pour un contrôle régulier de la glycémie. »
Il y a aussi un volet « continuité pédagogique » pour les enfants amenés à être régulièrement à la maison ou hospitalisés, ainsi qu’un protocole d’urgence.
Attention, si l’enfant mange à la cantine, le personnel de mairie doit être engagé dans le PAI.
Qui le rédige ? Le médecin scolaire.
Qui le demande ? La demande est à l’initiative de la famille, conseillée/accompagnée/interpelée par l’école et les soignants ou à l’initiative de l’école, en accord avec la famille. Cette demande se fait à partir d’une ordonnance du médecin qui suit l’enfant.
Les + : C’est un document qui permet parfois de tranquilliser tout le monde. L’enseignant.e sait ce qu’il/elle peut/doit faire, la famille confie donc son enfant en étant plus en confiance et l’enfant sait que son enseignant.e connait sa situation et la prend en compte.
Attention : « Le PAI ne permet pas de :
- réaliser des gestes de soins outrepassant les compétences de personnels non soignants ;
- envisager l’administration d’un traitement autre que par la voie inhalée, orale ou par auto-injection ;
- se substituer à la responsabilité de la famille.
La décision de révéler des informations couvertes par le secret « médical » appartient à la famille. Il importe de rappeler l’obligation de discrétion professionnelle aux personnels des établissements scolaires.
Selon la nature du trouble de santé, il appartient au médecin prescripteur d’adresser au médecin de la collectivité, avec l’autorisation des parents :
- l’ordonnance qui indique avec précision le médicament qu’il convient d’administrer : nom, doses et horaires ;
- les demandes d’aménagements spécifiques qu’il convient d’apporter ;
- la prescription ou non d’un régime alimentaire. »
Pour résumer
(+ petite infographie très bien faite par le ministère)
PPRE → pour répondre à des difficultés dans la maitrise des compétences.
PAP → pour répondre à des difficultés engendrées par un trouble des apprentissages.
PPS → pour répondre à des difficultés engendrées par une situation de handicap reconnue.
PAI → pour répondre à des difficultés de santé.
Merci pour ce superbe article !
Concis et concret, merci!