La dyslexie, à l’école, on en parle de plus en plus et c’est tant mieux. Si on part du principe que connaître son ennemi est un atout majeur pour le combattre, alors c’est bien d’en savoir plus sur ce trouble qui touche 5% des élèves environ, soit au moins un élève par classe en moyenne.
La dyslexie, c’est quoi ?
Impossible ici de faire le tour de la question ou d’établir une définition exhaustive de la dyslexie. Je me limiterai à une courte présentation qui nous aidera surtout à réfléchir aux adaptations et aides à mettre en place au sein de la classe.
Je laisse d’abord la parole au très bon document d’EDUSCOL : Scolariser les enfants présentant des troubles des apprentissages (TSA) :
Les troubles des apprentissages correspondent à une atteinte durable et persistante affectant une ou plusieurs fonctions cognitives. Ces troubles cognitifs neuro-développementaux perturbent l’acquisition, la compréhension, l’utilisation et le traitement de l’information verbale ou non verbale. Ils ne s’expliquent pas par des facteurs externes. Ils surviennent chez un enfant d’intelligence normale, et normalement scolarisé. Les troubles des apprentissages doivent être distingués de la « simple » difficulté et ne résultent pas : d’une mauvaise formation scolaire, d’un contexte familial défaillant, d’un manque de volonté d’apprendre.
La dyslexie est donc un trouble spécifique persistant de l’apprentissage de la lecture se manifestant chez des enfants d’intelligence normale. Le diagnostic ne peut être posé qu’à partir de la fin du CE1 ou du début du CE2 car on considère que le retard dans l’acquisition de la lecture doit être supérieur à deux ans. Ce qui différencie le retard du trouble, c’est que les difficultés sont durables.
La dyslexie touche environ 5% de la population (1% pour les formes les plus sévères) et concerne davantage les garçons (75%). Elle peut être accompagnée d’autres troubles (langage, coordination, attention…).
Les dyslexies les plus courantes :
→ La dyslexie phonologique : c’est la dyslexie la plus fréquente (60 à 70% des dyslexies) et touche la voie d’assemblage (voie phonologique / voie indirecte) qui permet de lire les mots inconnus.
Les enfants touchés par cette dyslexie ont beaucoup de difficultés pour assurer la correspondance grapho-phonétique et font beaucoup d’erreurs dans les sons (confusions, oublis…). Ils compensent souvent en surexploitant la voie d’adressage (reconnaissance globale des mots).
→ La dyslexie de surface : Elle représente environ 12% des cas et touche la voie d’adressage (voie lexicale / voie directe) qui permet de reconnaître les mots connus et mémorisés.
Les enfants ont beaucoup de difficulté pour mettre en mémoire les mots, ils ne réussissent pas à se construire un réservoir lexical. Ils compensent en surexploitant la voie d’assemblage. On dit souvent d’eux qu’« ils écrivent en phonétique ».
→ La dyslexie mixte : C’est la combinaison des deux premières. Les deux voies sont touchées, ne laissant à l’enfant que peu de possibilités pour contourner la difficulté. C’est la forme de dyslexie la plus sévère.
Les difficultés rencontrées : Quel que soit le type de dyslexie, le décodage et l’encodage sont difficiles et très couteux en énergie. Cela impacte aussi directement la compréhension en lecture car les élèves sont tellement mobilisés pas le décodage qu’ils n’accèdent pas toujours au sens des mots et ne parviennent pas à construire/réguler leur représentation mentale.
À chaque type de dyslexie correspond une dysorthographie, présentant les mêmes caractéristiques. La dysorthographie phonologique se manifeste par des confusions/erreurs dans les sons, la dysorthographie de surface par des fautes d’usage. Et comme l’encodage est extrêmement coûteux, les enfants ont beaucoup de mal à être disponibles pour l’étude de la langue : les erreurs grammaticales sont donc fréquentes.
Lire et écrire leur coûte donc énormément et engendre des difficultés d’attention, d’organisation et une grande lenteur… Ils sont donc pénalisés dans tous les domaines, d’où la nécessité d’aménager, adapter, aider…
Essayez donc de résoudre ce problème de maths en lisant comme un dyslexique.
Alors ? Dur dur n’est-ce pas ? Vous avez tout compris ? Vous avez été lents ? Vous êtes fatigués ? Pensez en plus qu’il faut non seulement comprendre l’énoncé, mais aussi retourner prendre des informations dans le texte pour résoudre le problème ! Sans compter qu’ensuite on vous traitera parfois (de moins en moins souvent tout de même) de fainéant !
C’est quand même plus facile avec le texte original.
Comment accompagner et aider les élèves dyslexiques ?
Avant de continuer, il faut rappeler une vérité : je suis enseignant, pas orthophoniste. Je n’ai ni ses compétences ni ses savoirs et je ne veux pas le remplacer. Mon intervention s’inscrit dans la continuité de la sienne.
Accompagner un élève dyslexique, c’est d’abord accepter de faire partie d’une équipe et de ne pas travailler seul. Hop-là, un rendez-vous avec les parents et un coup de fil à l’orthophoniste qui doivent devenir des partenaires solides. Ils détiennent des informations précieuses, disposent d’une connaissance fine de l’élève et ont un regard différent du notre sur la situation et les progrès de l’élève.
Avec toutes ces informations, je peux ensuite commencer à penser l’adaptation en classe.
Objectifs :
1. Faire en sorte que sa dyslexie ne le pénalise pas dans tous les domaines.
2. Lui permettre de transférer ses progrès (réalisés avec l’orthophoniste, le RASED, les parents, ou dispositifs d’aide divers) dans le travail de classe et de les mesurer.
3. Lui offrir un espace de parole autour de sa difficulté et de la manière de la combattre.
4. Être le garant de la bonne articulation des aides qui lui sont apportées.
Les moyens utilisés pour tenter d’atteindre ces objectifs (ambitieux !) sont détaillés dans des articles spécifiques : aménager les textes et les consignes ; limiter la quantité de lecture et d’écriture ; rendre les progrès visibles et clarifier les difficultés.
Et les autres élèves en grande difficulté avec le code ?
Il y a toujours un revers à une médaille. Oui diagnostiquer de plus en plus d’élèves est positif. Cela permet de moins les culpabiliser, de donner un nom à leur difficulté et nous aide à mieux les accompagner. Mais cela nous conduit parfois à moins prendre en compte les élèves non diagnostiqués qui présentent pourtant les mêmes difficultés.
Donc, au final, que l’enfant soit dyslexique ou non, peu importe (d’où le titre de l’article). L’accompagnement, les adaptations, les outils… sont des réponses aux difficultés rencontrées par les élèves, pas des réponses à un diagnostic. Les connaissances sur la dyslexie viennent enrichir le débat, éclairer les observations en classe et la connaissance de l’élève. L’objectif est avant tout de répondre au mieux aux besoins de chaque élève.
Du coup, pas de protocole type, nous (l’équipe éducative) nous servons de ce document qui compile les adaptations et outils les plus connus/efficaces en les associant à un accompagnement de l’adulte. Avec cette grille de lecture, nous essayons d’adapter au mieux notre réponse à chaque situation singulière.
Et c’est très dur ! On essaie, on se trompe, on change, on ajuste, bref on tâtonne parfois un peu mais on essaie toujours d’éclairer notre tâtonnement et de l’outiller…
Quelques ressources sur la dyslexie*
→ 100 idées pour venir en aide aux élèves dyslexiques : Très utile au quotidien dans la classe, il me sert chaque année. C’est de loin mon préféré de la série « 100 idées » parce qu’il propose beaucoup d’idées concrètes pour la classe et pour la vie quotidienne, contrairement à certains autres (dyscalculie/dyspraxie) qui sont un peu trop théoriques.
→ Le tiroir coincé : Comment expliquer la dyslexie aux enfants : Un super livre qui met des mots simples sur la dyslexie, très utile pour accompagner le travail de verbalisation des difficultés.
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